jeudi 1 mars 2012

DEBATS D'IDEES

Notre ami Noël Brossier anime des débats d'idées autour de questions philosophiques. 


DÉBAT D’IDEES

    - Second vendredi de chaque mois, de 18h00 à 20h à la brasserie
       « La Viadène » centre commercial « les trois Parts » à
Bondoufle Centre

 

- Quatrième samedi de chaque mois, de 16h00 à 18h au café
 « Les petits ponts »  face à la mairie de Corbeil



Le débat se déroule selon quatre principes :

- Stricte indépendance vis à vis de toute organisation ou doctrine.
- Humilité : personne ne détient la Vérité.
-Doute méthodique : toute thèse ou affirmation peut être contestée, seul vaut l’argumentaire qui la sous-tend.
- Strict respect d’autrui : chacun écoute et respecte l’autre.

La participation au débat est ouverte à tous.

L’animateur met au vote les propositions des participants. Après une courte introduction par la personne dont le thème a été choisi, les participants parlent tour à tour en réservant un tour de parole auprès de l’animateur.


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Comment s’est constitué le débat d’idées d’Evry ?

Il  a été instigué en 1996 par un enseignant de lycée, et s’est déroulé à un rythme hebdomadaire jusqu’en novembre 1999, puis deux fois par mois depuis lors.

Il se poursuit, conformément à la volonté des participants réguliers : 
- Parce qu’il leur paraît opportun de s’étonner, d’interroger les évidences,  de traquer les faux-semblants et contre-vérités.
- Parce que penser est inévitable, parce que nul ne peut en faire l’économie.
- Parce que la réflexion collective stimule les énergies et est autant porteuse de convivialité que de confrontation.   
               
Pour tout renseignement, appeler le 06 82 40 10 19.
En période de vacances scolaires ou de fêtes, le débat peut être décalé d’une semaine. Se renseigner.


COMPTE-RENDU DU DEBAT D’IDEES DU 3 FEVRIER

Bonjour,

Nous étions peu nombreux vendredi dernier pour traiter du sujet choisi par le groupe : «le sacré dans la république ».

Y aurait-il une opposition entre ces deux termes ?
- république, modèle de société dans lequel le pouvoir est partagé, dans lequel le peuple ou ses représentants désignent leurs gouvernants et sont ainsi impliqués dans le devenir de l‘état et du pays,
- sacré (latin sacer) : ce qui ne peut être profané.

Ce qui ressort de nos interrogations, c’est que le sacré n’est pas le même pour tous les participants. La promotrice du thème se demande si la principale fonction du sacré n’est pas de relier les Hommes. Une participante conçoit plutôt le sentiment du sacré comme lié à un ressenti individuel face à la nature, à une force, une puissance extérieure, marquant ainsi une intuition du transcendantal.

Un participant rappelle que la république française, par la loi de 1905, reconnaît le droit au religieux et au culte, mais n’intervient pas dans leur fonctionnement. La devise républicaine "liberté – égalité – fraternité", principe fondateur et immuable, est-elle de l’ordre du sacré républicain ? Probablement s’y apparente-t-elle. Le texte de la constitution ? c’est moins sûr, car il évolue régulièrement ; les constitutions se succèdent nécessairement au fil des décennies pour suivre l’évolution du monde, même si leurs grands principes demeurent. Il insiste en tous cas sur le caractère pour lui "sacré" des principes républicains fondant l'école publique et une certaine vision de l'égalité des chances. Pour lui, on oublie trop la chance que l'on a de vivre en république laïque et la fragilité de ces acquis.

On note que les états introduisent du « sacré » dans la vie sociale : cérémonies, rassemblements, commémorations, fêtes nationales. Le terme de sacré paraît approprié, car :
- on ne peut profaner un monument aux morts, un drapeau national sans être passible de la loi.
- il y a une véritable ritualisation : la forme des rituels est primordiale, sa spécificité laisse percer le transcendant laïc qui la fonde (ndlr : cette forme de transcendance étant liée, au fond, à la pérennité de la nation à travers l’histoire et à la mémoire des grandes figures et des événements majeurs qui l'ont façonnée).

Dans le religieux, la grande fréquence des temps de culte (hebdomadaire, voir quotidienne) ne nuit pas à leur force, car le mystère (christianisme… ) , le sacrement, la célébration gardent aux yeux des croyants toute leur force inusable. Hors du domaine religieux, la fréquence des événements marquants ne peut soutenir la même fréquence, pense-t-on; c’est leur relative rareté qui leur donne leur force, liée au fait d’éprouver alors pleinement le vivre-ensemble.
On remarque que les dictatures usent et abusent de ces fêtes et regroupements, ces régimes cherchant ainsi à mieux placer sous leur coupe et manipuler les foules

On évoque le « sacrifice » de certains hommes politiques, chercheurs, médecins ou autres bienfaiteurs de leur vie personnelle sur l’autel du bien public. Du fait de leur vocation, ces hommes seraient peu à peu dévorés par leur fonction... (mais ils y trouvent aussi leur compte).
Au final, on aura mis en évidence bien des points communs entre sacré religieux et « sacré laïc », malgré la différence de nature de l'objet qui en est le socle. Ces deux formes s'entrelacent d'ailleurs lorsqu'il s'agit de décès en service, comme par exemple pour les militaires, les pompiers, les fonctionnaires de police.

Fin du compte-rendu.



COMPTE-RENDU DU DEBAT D'IDEES DU 18 FEVRIER


nous étions en petit groupe samedi 18/02 pour traiter du thème "la bonté induit-elle la naïveté?".

Ce sujet a notamment été inspiré à celui qui l'a proposé par le fait que le mot "bonté" n'est quasiment plus jamais employé, ni à l'écrit , ni à l'oral. Il lui a également été inspiré par le souvenir d'une longue interview de P. Ricoeur par L Adler

il y a une dizaine d'années, présentée aux participants de l'époque au débat; P Ricoeur affichait alors la bonté comme une vertu essentielle. Pour quelles raisons ce mot a-t-il pris une connotation susceptible de prévenir toute utilisation de nos jours? Certains synonymes recouvrent-ils parfaitement sa signification, ou bien celle-ci n'est elle tout simplement plus audible, hors de certains cercles spirituels ou religieux?

Quelques traits saillants de la discussion:

Qu'entend-on par bonté? L'étymologie latine ne nous apprend rien d'édifiant. Quant à la naïveté, l'utilisation de ce mot dans le sujet renvoie sans aucun doute au choix de faire confiance, de croire ou vouloir croire en la
bonne foi de l'autre.

La bonté, reprend une participante, ne se confond pas, pour elle, avec la charité, vertu galvaudée par l'action de certains croyants bigots ou bien pensants. Selon elle, il faudrait plutôt entendre ici une attitude du type de l'empathie : écoute bienveillante, la plus pleine possible.

Un participant surenchérit : la bonté, ce serait donner sans attendre de contre-don, en une posture sincèrement désintéressée. On rappelle que E Levinas emploie le terme de bonté dans le cadre de ses
thèses, selon lesquelles :
- nous sommes chacun responsables pour tous les autres Hommes,
- le visage d'autrui, par lequel il nous apparaît, vaut comme ouverture sur l'infini, (...)
- à partir de là, la bonté dont parle E Levinas est celle qui échappe à tout système ou idéologie, elle est le signe de l'humanité authentique, indépendamment de tout ordre moral obligatoire (voir le site http://espacethique.free.fr/ consacré à cet auteur).

La bonté consisterait à ne pas se focaliser sur les faiblesses de l'autre, à le prendre tel qu'il est, sans jugement de valeur définitif. Or, l'époque est aux calculs, à la préservation des intérêts personnels, aux stratégies qui garantissent à tout acteur un "retour sur investissement".

La connotation chrétienne du mot "bonté" ne cesse de faire irruption dans la discussion, comme on le note sans arrêt. Le mot "péché" est à ce titre mentionné... On rappelle aussi que le bouddhisme inclut dans sa méthode cette attitude en plaçant la compassion en tant que vertu cardinale de ses pratiquants.

Mais une telle visée par un collectif est-elle envisageable? La bonté peut-elle s'instituer politiquement parlant? A y réfléchir, il semble aux participants que le pouvoir politique, s'il peut et même doit viser à instaurer toujours plus de justice, ne peut aucunement prétendre "verser dans la bonté", concept trop qualitatif, trop ordonné à l'émotionnel, à la sensibilité. D'ailleurs, ce mot est absent des discours des candidats à l'élection présidentielle, remarque-t-on.
(NDR/ Au Bouthan, par contre, le gouvernement d'obédience bouddhiste de ce minuscule pays
ose parler de BIB : Bonheur Intérieur Brut !!! )

En mettant à nu cette qualité de la bonté - elle est le propre de l'individu, de la subjectivité de l'individu, elle ne peut aisément ressortir au(x) collectif(s) - on répond, avec preuve par l'absude (puisque les collectifs ne peuvent guère y prétendre), que oui, la bonté induirait bien chez celui qui se met dans cette posture une certaine dose de naïveté. Cette dernière ne serait pas pour autant intégrale, il pourrait s'agir d'un parti-pris en connaissance de cause, d'un va-tout au risque de l'autre, de ses faiblesses... mais aussi de ses forces.

Fin du compte-rendu.

En mars, les débats auront lieu le vendredi 9 à 18h à la Viadène, à Bondoufle, et le samedi 24 à 16h à Corbeil , au café des petits ponts, face à la mairie.

A bientôt.

Sujets en suspens:

Simone : Humain, inhumain ...
Marc: S'accomplir sans détruire
Doit-on toujours se révolter?
Doit-on toujours se révolter?

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